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Portrait d’Henri III par Domenico Zenoni **

Rien n’est laissé au hasard à l’Arsenal de Venise pour la visite d’ Henri III Roi de France, en 1574. De son entrée triomphale par le portail principal, jusqu’à son inspection des services techniques. D’énormes efforts d’organisation sont déployés pour réaliser l’exploit de charpenter un navire en un seul jour  – sous le regard subjugué du roi  –

S’en suivirent, les pauses dans chacune des trois chambres d’armes pour profiter de la vue sur le nouveau bassin. Dans un cadre rustique de bois et de quincailleries les surprises ne font que commencer, dans une pièce dressée pour le banquet en honneur du roi de France petite fête arrangée avec sa suite, un déjeuner sans manières semblait-il, « Henry fût surpris lorqu’en prenant sa serviette en main, elle se cassa en deux, un morceau tomba sur le sol: en effet les nappes, les assiettes, les couverts, tout sur les tables était fait de sucre! de si vraisemblable éléments dressés sur les tables qu’on aurait pu y tromper n’importe qui”, comme l’a dit de P.de Nolhac et A.Solerti ( viaggio in Italia di Enrico III, re di Francia)

Canne à sucre

Pour impressionner ce roi si sophistiqué, la Serenissima utilise une arme mortelle, le protagoniste d’une histoire particulière dans laquelle Venise joue une grande partie: le sucre. Cette poudre très douce est une rareté à cette époque. Elle est vendue en pharmacie comme remède contre le scorbut et les maladies des yeux, Le sucre n’entrera en cuisine que mélangé à des épices, principalement pour devenir un symbole de statut social.
Originaire d’Inde, la canne à sucre s’est acclimatée dans la Méditerranée orientale, mais ce sont les Arabes qui inventèrent le sucre en développant la méthode de raffinage et en le répandant en Sicile et en Espagne. Dans le monde chrétien, Chypre détient le monopole de la culture de la canne à sucre et la République de Venise détient le monopole de la vente à toute Europe. Les apothicaires vénitiens se spécialisent dans le raffinage du sucre brut et  ils deviennent habiles déclinant le produit en délicieuses gourmandises: sirops, confitures, cannellini, pignocade, diavolini, persegade, violettes confites et aussi “l’eau céleste de jeunesse”, une sorte d’élixir de jouvence.
La “poudre de Chypre” – comme on appelait le sucre – il était une obligation dans les mariages de personnes importantes.

Il était coutume d’offrir à la mariée une boîte de gâteaux contenant le bambin de zucaro (une statuette de sucre représentant un bébé), que la mariée devait conserver et contempler régulièrement pour enfanter d’un beau garçon en bonne santé comme celui représenté par la miniature. Cette tradition est à l’origine de l’expression “ti xe beo come bambin de zucaro” (“tu es beau comme un bébé en sucre”), expression aujourd’hui encore parfois utilisée dans certaine familles italiennes.

**A propos de ce portrait voir Anna Bettoni, « Les coronationi de Pietro Buccio et le passage du roi en Vénétie; 1574 »

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Portrait d’Henri III par Domenico Zenoni **

Rien n’est laissé au hasard à l’Arsenal de Venise pour la visite d’ Henri III Roi de France, en 1574. De son entrée triomphale par le portail principal, jusqu’à son inspection des services techniques. D’énormes efforts d’organisation sont déployés pour réaliser l’exploit de charpenter un navire en un seul jour  – sous le regard subjugué du roi  –

S’en suivirent, les pauses dans chacune des trois chambres d’armes pour profiter de la vue sur le nouveau bassin. Dans un cadre rustique de bois et de quincailleries les surprises ne font que commencer, dans une pièce dressée pour le banquet en honneur du roi de France petite fête arrangée avec sa suite, un déjeuner sans manières semblait-il, « Henry fût surpris lorqu’en prenant sa serviette en main, elle se cassa en deux, un morceau tomba sur le sol: en effet les nappes, les assiettes, les couverts, tout sur les tables était fait de sucre! de si vraisemblable éléments dressés sur les tables qu’on aurait pu y tromper n’importe qui”, comme l’a dit de P.de Nolhac et A.Solerti ( viaggio in Italia di Enrico III, re di Francia)

Canne à sucre

Pour impressionner ce roi si sophistiqué, la Serenissima utilise une arme mortelle, le protagoniste d’une histoire particulière dans laquelle Venise joue une grande partie: le sucre. Cette poudre très douce est une rareté à cette époque. Elle est vendue en pharmacie comme remède contre le scorbut et les maladies des yeux, Le sucre n’entrera en cuisine que mélangé à des épices, principalement pour devenir un symbole de statut social.
Originaire d’Inde, la canne à sucre s’est acclimatée dans la Méditerranée orientale, mais ce sont les Arabes qui inventèrent le sucre en développant la méthode de raffinage et en le répandant en Sicile et en Espagne. Dans le monde chrétien, Chypre détient le monopole de la culture de la canne à sucre et la République de Venise détient le monopole de la vente à toute Europe. Les apothicaires vénitiens se spécialisent dans le raffinage du sucre brut et  ils deviennent habiles déclinant le produit en délicieuses gourmandises: sirops, confitures, cannellini, pignocade, diavolini, persegade, violettes confites et aussi “l’eau céleste de jeunesse”, une sorte d’élixir de jouvence.
La “poudre de Chypre” – comme on appelait le sucre – il était une obligation dans les mariages de personnes importantes.

Il était coutume d’offrir à la mariée une boîte de gâteaux contenant le bambin de zucaro (une statuette de sucre représentant un bébé), que la mariée devait conserver et contempler régulièrement pour enfanter d’un beau garçon en bonne santé comme celui représenté par la miniature. Cette tradition est à l’origine de l’expression “ti xe beo come bambin de zucaro” (“tu es beau comme un bébé en sucre”), expression aujourd’hui encore parfois utilisée dans certaine familles italiennes.

**A propos de ce portrait voir Anna Bettoni, « Les coronationi de Pietro Buccio et le passage du roi en Vénétie; 1574 »

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Portrait d’Henri III par Domenico Zenoni **

Rien n’est laissé au hasard à l’Arsenal de Venise pour la visite d’ Henri III Roi de France, en 1574. De son entrée triomphale par le portail principal, jusqu’à son inspection des services techniques. D’énormes efforts d’organisation sont déployés pour réaliser l’exploit de charpenter un navire en un seul jour  – sous le regard subjugué du roi  –

S’en suivirent, les pauses dans chacune des trois chambres d’armes pour profiter de la vue sur le nouveau bassin. Dans un cadre rustique de bois et de quincailleries les surprises ne font que commencer, dans une pièce dressée pour le banquet en honneur du roi de France petite fête arrangée avec sa suite, un déjeuner sans manières semblait-il, « Henry fût surpris lorqu’en prenant sa serviette en main, elle se cassa en deux, un morceau tomba sur le sol: en effet les nappes, les assiettes, les couverts, tout sur les tables était fait de sucre! de si vraisemblable éléments dressés sur les tables qu’on aurait pu y tromper n’importe qui”, comme l’a dit de P.de Nolhac et A.Solerti ( viaggio in Italia di Enrico III, re di Francia)

Canne à sucre

Pour impressionner ce roi si sophistiqué, la Serenissima utilise une arme mortelle, le protagoniste d’une histoire particulière dans laquelle Venise joue une grande partie: le sucre. Cette poudre très douce est une rareté à cette époque. Elle est vendue en pharmacie comme remède contre le scorbut et les maladies des yeux, Le sucre n’entrera en cuisine que mélangé à des épices, principalement pour devenir un symbole de statut social.
Originaire d’Inde, la canne à sucre s’est acclimatée dans la Méditerranée orientale, mais ce sont les Arabes qui inventèrent le sucre en développant la méthode de raffinage et en le répandant en Sicile et en Espagne. Dans le monde chrétien, Chypre détient le monopole de la culture de la canne à sucre et la République de Venise détient le monopole de la vente à toute Europe. Les apothicaires vénitiens se spécialisent dans le raffinage du sucre brut et  ils deviennent habiles déclinant le produit en délicieuses gourmandises: sirops, confitures, cannellini, pignocade, diavolini, persegade, violettes confites et aussi “l’eau céleste de jeunesse”, une sorte d’élixir de jouvence.
La “poudre de Chypre” – comme on appelait le sucre – il était une obligation dans les mariages de personnes importantes.

Il était coutume d’offrir à la mariée une boîte de gâteaux contenant le bambin de zucaro (une statuette de sucre représentant un bébé), que la mariée devait conserver et contempler régulièrement pour enfanter d’un beau garçon en bonne santé comme celui représenté par la miniature. Cette tradition est à l’origine de l’expression “ti xe beo come bambin de zucaro” (“tu es beau comme un bébé en sucre”), expression aujourd’hui encore parfois utilisée dans certaine familles italiennes.

**A propos de ce portrait voir Anna Bettoni, « Les coronationi de Pietro Buccio et le passage du roi en Vénétie; 1574 »

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